APMia vie

Je n’ai pratiquement pas dormi de la nuit, que des mini sommeil de 10 minutes parce que je sais que si je m’endors mes cauchemars vont recommencer. Je ne savais plus s’il m’avait vraiment parlé ou si c’est mon imagination qui veut désespérément qu’il y est quelqu’un qui me comprenne. J’ai essayé de me souvenir de tout ce qui m’est arrivée. Je ne comprends pas mais je sais qu’il a raison, tous ces cauchemars sont en fait des souvenirs. Ça fait six ans que j’espère que ce ne sont que des cauchemars. J’avais presque réussi à m’en convaincre.
Je me lève sans avoir dormir et une gueule de bois très intense. La maison est calme le matin, je n’aime pas me lever seule comme ça.
Je suis dans la cour de récréation, oui dans mon école primaire, je reconnais ces bancs verts et les arbres, il y a une route dessinée sur le sol, j’adorais mon école primaire. J’entends des enfants rigoler, et là je reconnais mes amis. Ils sont avec moi. On est en CM2 je me souviens.
- « ça veut dire que si je te touche entre les jambes et que tu n’as pas envie bah je te viole ? » dit Kévin à Cécilia.
- « Oui c’est ce qu’il a dit le gendarme … » lui a-t-elle répondu.
Et là à ce moment-là je comprends, je comprends, ça m’est arrivée. Alors je me vois le chuchoter à Cécilia mais elle rigole.
- « Madame ! Vous pouvez m’aider ? Je suis bloquée et je n’arrive pas à enlever le mousqueton » me lance un petit garçon pendu à dans les arbres. Je sursaute, j’étais dans mes pensais, je retrouve mes esprits, je suis au travail. Je vais l’aider, je me sens super forte quand je monte dans les arbres aider quelqu’un. J’adore ça et j’ai l’impression d’être invincible, je n’ai pas peur de tomber.
- « Merci Madame … Youuuuhouuuuuuuuuuuuuuuuu » hurle-t-il en dévalant la tyrolienne. Je suis restée là à le regarder en souriant. Pourquoi j’ai pensais à ça ? La petite fille que j’étais savait ce qui se passait mais avait trop honte pour en parler.
C’est l’heure de fermer. On est tous ensemble, l’équipe du parc, on rigole comme tous les soirs. J’ai peur qu’eux aussi s’en rendent compte alors je fais attention à tout ce que je fais. Je le faisais déjà avant mais maintenant je dois être encore plus vigilante. Il faut vraiment que ça ne se voit pas. Personne ne doit savoir. Comment il a pu savoir ? Il doit connaitre quelqu’un comme moi.
Ce soir je décide de ne pas sortir, je l’ai évité toute la journée et je vais continuer. 

Ce soir je sors, encore, j’ai passé mes soirées dehors à boire, rigoler, danser, draguer, ce que ferait toute jeune fille de 16ans en vacances. Chaque vacance d’été je suis pendant les deux mois avec tous mes cousins, soit dix gamins, dans le chalet de mes grands-parents à la montagne. J'aime beaucoup mes grands-parents, avec ma grand-mère on pourrait passer nos journées à critiquer les gens qui passe devant le chalet, contrairement à ma mère avec elle je peux me confier. Et mon grand-père, il organise des concours de pétanque, le marseillais pure sang, et j'y vais tout le temps, on forme une équipe de choc, il boit et parle beaucoup, très bon vivant. Bref je me sens bien avec eux. Mon lieu préféré au monde, on peut respirer ici, je déteste les grandes villes et en bonus je suis libérée de la prison dirigée par Papa et Maman.
Je travaille dans un accrobranche, mon premier job, j'adore ça. Sam aussi est nouveau, il a 18ans, il n'est pas très beau et on le voit direct qu'il ne fume pas que de la cigarette, toujours en jogging, mal ou pas rasé, un peu à deux de tensions mais super sympa et sa rapproche beaucoup d’être les deux petits nouveaux, on passe beaucoup de temps ensemble la journée au travail et même le soir dans notre bar préféré le Rastaman. On est aussi souvent avec Sarah mon amie d'enfance, on se retrouve tous les étés, elle est rousse et complexe un peu trop dessus parce qu'elle n'a jamais eu de petit copain, elle aussi à 18ans. Il n’y a pas vraiment de monde le soir mais se sont de petites soirées tranquilles.
Pour rentrer, on ramène toujours Sarah en premier pour être plus tranquille avec Sam. On parle de tout et de rien et quand je suis pompette je parle beaucoup. On va se caler au-dessus des télésièges pour regarder les étoiles, c'est notre coin. Enfin tous les coins interdit sont nos coins. Puis en plein milieu de la conversation il me lance :
- « Tu es spécial comme fille. »
- « Quoi comment ça ? » ça y est le plan de drague à deux balles ai-je pensais en souriant.
- « Je sais ce qui t’es arrivée … »
Mais non il ne peut pas penser à ça, c’est pas possible, personne n’est au courant ! Qu’est-ce qu’il veut me dire ? C’est une phrase de drague connue ? Le genre de phrase qu’il y sur Facebook ?
Il me regarde dans les yeux, il est très sérieux, il ne rigole pas … puis il ouvre la bouche, il va parler mais il hésite, je stresse il ne peut pas être au courant, c’est impossible… Je panique mais il ne faut pas qu’il le voit.
- « Qui t’as fait ça temps de mal ? … Qui te touchait quand tu étais petite ? …
Il sait ! A cette instant mes oreilles se sont bouchées, je n’entendais que mon cœur battre, et cette phrase se répéter en moi ... Comment il a pu savoir ? … Je commence à avoir envie de vomir … Je décide de dire :
- « N’importe quoi ! » en souriant nerveusement.
- « Arrête de mentir Anna »
Là j’éclate en pleure, je vais tomber, mon cœur bat de plus en plus fort ... Il me rattrape, me sert dans ces bras en chuchotant « je suis là, tu n’es pas seule ». Je m’écarte, je le regarde :
- « Comment tu sais ? »
- « Je le sais c’est tout »
Je suis restée là un bon moment debout à le regarder sans parler juste surprise et perdu, je rêve comment il peut savoir ? Je suis si bizarre que ça ?